L’écologie n’existe pas

L’écologie n’existe pas !

En tant que discipline délibérée et volontaire, l’écologie n’a jamais existé auparavant , n’existe pas aujourd’hui et sans doute n’existera pas demain.

Auparavant
Le mot écologie est apparu pour la première fois en 1866, significativement en plein essor de la révolution industrielle du XIXème siècle, sous la plume du visionnaire allemand Ernst Haekel qui en avait perçu les risques et prônait le principe de précaution pour endiguer ses méfaits présents et surtout futurs à ses yeux prévisibles.
Sans la nommer, l’écologie s’imposait d’elle-même à la grande  majorité  de la population. A cause de l’impossibilité de faire autrement, elle l’appliquait sans le savoir. La lutte pour assouvir les besoins vitaux occupait toute la place; déjà bienheureux quand on avait la chance de les satisfaire. Le pouvoir d’achat et ses corrolaires possibles: surconsommation et gaspillage, étaient réservés à une toute petite élite. De toute façon la technologie industrielle n’était pas encore suffisamment développée pour produire en masse et ainsi se généraliser masquant, à côté de progrès indéniables, ses méfaits désastreux dévoilés au fil du temps.

Aujourd’hui

L’écologie assumée et réfléchie n’existe toujours pas , sauf pour une poignée de militants lucides qui prenant conscience de l’empreinte humaine grandissante et alarmante sur notre milieu de vie, travaillent à essaimer leur conviction (” Pour changer la société, nous devons être des millions, pas une poignée de radicaux “- Cyril Dion) sans cependant vouloir l’imposer, ils n’en ont d’ailleurs pas les moyens. Et même s’ils le pouvaient, ils n’en auraient pas le droit. Leur prosélytisme s’ apparenterait à du terrorisme économique, comme au temps du colonialisme où le goupillon du curé secondait le sabre du militaire et l’argent du commercial. C’est aux politiques élus démocratiquement qu’est dévolu ce droit d’imposer ce changement indispensable, mais bon nombre d’entre eux, en accointance étroite et intéressée avec les puissances d’argent et(ou) par crainte de déplaire à leur électorat et de perdre leurs privilèges, s’ abstiennent de légiférer drastiquement.

L’augmentation progressivement généralisée du pouvoir d’achat a engendré un appel d’air à la consommation forcenée, aiguillonnée par les achats sur internet, au point de franchir la ligne rouge de la réversibilité. À la fin de la 2ème guerre mondiale, particulièrement  durant les 30 années glorieuses et surtout depuis les années 80 avec la dérégulation économique initiée par le duo Reagan-Tatcher, nous avons cherché  à imiter le mode de vie des Américains et nous avons perdu le sens de la mesure et de la pondération, seules capables de recouvrer l’équilibre indispensable à notre survie. La prudence aurait été nécessaire pour compenser les excès de cette situation. Pourquoi un effort de volonté précédé d’une prospective imprégnée de bon sens et de discernement ne permettait pas de faire l’économie d’expériences désastreuses ? Parce que, après tant de décennies de privation, la population était avide de goûter à l’abondance enfin accessible. Elle n’envisageait pas les pièges tendus par les revers de ce retournement et n’accordait pas (elle ne le fait toujours pas) droit de cité à l’écologie; parce que la modération est considérée comme une privation, même pour un bien supérieur futur; parce que nous pensons échapper à l’inéluctable; parce que nous aveugle notre confiance en la science salvatrice, la nouvelle religion mondialiste ; parce que nous taraude, exhumée peut-être de notre mémoire collective ancestrale, la peur de manquer qui nous pousse à profiter de la vie au maximum ; parce que l’on attend que l’exemple vienne des autres et avant tout d’en haut ; et surtout parce que nous manque cet embryon de sagesse qui nous inciterait à recentrer notre vie autour de l’essentiel (à définir par chacun), à la densifier, à considérer que le bonheur n’est pas antinomique d’un certain détachement matérialiste volontaire. Il est inenvisageable après un tel constat de prétendre passer de l’intempérance à la modération, de la compulsion boulimique à la sobriété, de la dépendance aliénante à l’autonomie libératrice, de la compétition neo-libérale destructrice à la convivialité constructive, de l’accaparement personnel des richesses à une redistribution solidaire, de la croissance matérielle, toujours l’indice obsessionnel de référence économique des décideurs qui y croient comme dans un acte de foi, à la croissance ordonnée aux nécessités des plus pauvres, combinée chez les riches à une décroissance acceptée ou si pas à une acroissance satisfaisante.  Repousser l’échéance d’une intervention douloureuse mais nécessaire ne l’annule pas.

Humainement peut-on cependant reprocher à ceux qui galèrent au milieu de tant de richesses étalées et des chants ensorceleurs des sirènes du consumérisme facile, d’y croire et de chercher à y accéder avant tout par l’acquisition de biens matériels, sans soupçonner le piège tendu? Et ce n’est pas l’inertie et encore moins  l’irresponsabilité des autorités dites compétentes, masquées par des discours anesthésiants et des mesures faussement rassurantes, qui vont leur montrer qu’ils font fausse route. La conscientisaton aurait pu émerger du rayonnement éducatif indirect des exemples réussis des initiatives citoyennes et de ” l’économie communaliste” à haute valeur sociale et démocratique, qui n’est ni communiste, ni communautariste et qui concerne, pêle-mêle et parmi bien d’autres, les systèmes d’échange local, les coopératives de petite, moyenne ou même de de grande taille ( comme celle de Mondragon en Espagne), les groupes d’achat en commun, les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, le commerce équitable, etc. Ces démarches dont l’ampleur s’accroît peu à peu restent encore trop marginales pour détourner les esprits du système actuel dispendieux qui ravit l’ensemble de la population .

Presque tous les scientifiques spécialistes du climat nous donnent tout au plus 10 à 20 ans pour réagir énergiquement, après ce sera trop tard. Comment peut-on imaginer qu’un tel bouleversement puisse avoir lieu en si peu de temps, alors que responsables à 99% du désastre écologique, les pays nantis continuent à vivre comme si de rien n’était: surproduction, surconsommation ( de plus en plus grands, les cargots porte-conteneurs sont toujours pleins à rabord), gaspillage, déplacements, voyages, tourisme, et à voter pour des gouvernements qui entretiennent cet état d’esprit de permissivité débridée, à peine tempéré par très peu d’interdits ou d’obligations et beaucoup d’incitations, non contraignantes, à poser des gestes respectueux de l’environnement. qui ne changeront pas en profondeur un système économique, avec à sa tête les voraces multinationales, ses plus “dignes” représentants, que les politiques veulent sauvegarder â tout prix, même au détriment de l’écologie. Écologie que Trump, climatosceptique notoire, piétine allègrement, lui qui risque fort d’être réélu président des USA en novembre prochain malgré un bilan écologique catastrophique lors de son précédent mandat.

Demain

Même si dans quelques décennies la grande majorité de la population des pays riches prenait conscience de la réalité de la catastrophe imminente,  pourtant annoncée depuis si longtemps, il serait trop tard pour faire marche arrière et inverser la tendance. Sècheresse, mégaincendie, montée des eaux, côtes et îles inhabitables, inondation, air, eau et sol pollués, déforestation, dérèglement climatique, effet de serre, réchauffement de la stratosphère, déchets de tous ordres: miniers, nucléaires, plastiques, électroniques, alimentation frelatée, perte considérable d’humus, monoculture stérilisante,  extinction de nombreuses espèces animales et végétales, élimination progressive des insectes et des pollinisateurs, raréfaction de l’eau potable, biodiversité durablement affaiblie et menacée de partout obsolescence programmée. Toutes ces destructions irréfragables et quasi irréversibles dans tant de secteurs nous conduiront à la barbarie torturante d’un survivalisme de plus en plus violent au fur et à mesure de l’amenuisement drastique des ressources, qui à terme aboutira à l’anéantissement du vivant victime d’un capitalisme dévastateur, incompatible avec l’écologie.

Si le capitalisme accélère le processus de cette descente aux enfers avec son invitation permanente et insistante à la surconsommation et au gaspillage, favorables en priorité à ses investisseurs et actionnaires monstrueusement riches et insatiables dans leur recherche de l’augmentation de leur capital, on ne peut s’empêcher de penser que les civilisations disparaissaient bien avant son intronisation comme système économique. “La destinée naturelle de toutes les civilisations est de grandir, de dégénérer et de s’évanouir en poussière” (Alexis Carrel). Mais par le passé, les civilisations humaines qui disparaissaient, bien localisées, n’entraînaient pas dans leur chute le reste du monde. Ici oui, à cause de la mondialisation, on assistera à la 6ème extinction de l’Histoire, la première et sans doute la dernière de l’homme, responsable et en même temps victime du phénomène, depuis l’avènement de l’anthropocène et sa montée en puissance. En fait on est en présence d’un suicide programmé déguisé en catastrophe naturelle, naturalité non reconnue ou si peu  car on dissocie quasi toujours l’homme de la nature alors qu’il en fait intégralement partie. Le fait qu’il en est l’élément dominant à cause de son intelligence productrice d’une techno-science et d’une industrialisation avancées ne change rien à la donne. ( pour une explicitation de cette idée, voir dans le blog l’article ” Et si la 6ème extinction était aussi naturelle que les précédentes!”).

L’homme s’est toujours ingenié à s’autodétruire. À l’image du récit caricatural de Jonathan Swift dans son “Gulliver” chargé de régler un conflit entre 2 pays voisins sur la façon d’écailler un oeuf, l’un le faisant par le gros bout et l’autre par le petit, avec la volonté de l’imposer à l’adversaire par la force, l’Histoire est pleine de ces guerres au motif futile, défiant le simple bon sens.  Illustration récente avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie sous le prétexte fallacieux de dénazification .On en rirait s’il n’y avait pas son volet tragique de pertes matérielles et humaines inhérentes à toute guerre et même le lourd tribut payé par l’agresseur en soldats morts au combat.  Ce qui n’a pas l’heur d’émouvoir le nouvel Hitler, Poutine, autocrate à l’orgueil démesuré,  qui brandit même l’utilisation de l’arme nucléaire s’il se sent menacé par les puissances occidentales, déclencherait la 3ème guerre mondiale et par voie de conséquence entraînerait  l’anéantissement de son propre pays et de ses habitants. Suicide par un canal plus rapide et radical que la lente érosion de notre milieu de vie décrit plus haut.

Soumis à leur instinct, boussole indéréglable, les animaux ne tuent leurs congénères que par nécessité: nourriture , habitat, protection de leur progéniture, terrain de chasse,  défense territoriale  garante de ressources indispensables à leur survie. On cite comme exemple  la faculté de carnivores prédateurs qui repus acceptent, certes le temps de leur digestion, la présence à leur côté d’herbivores, leurs proies habituelles, sans chercher à les attaquer. Cependant peuvent parfois survenir des agressions à nos yeux  “gratuites”,  qui obéissent sans doute à un instinct malveillant de domination ( ex: agression mortelle d’un molosse étiqueté dangereux sur un petit chien).

Pourquoi ces violences?

Antinomiques dans notre conception occidentale, le bien et le mal apparaissent complémentaires dans d’autres  civilisations, à l’image du jour et de la nuit ou du chaud et du froid. L’un n’existe pas sans l’autre. Les 2 sont nécessaires. Le mal, défini comme tel par notre conscience dans l’ignorance des Desseins Supérieurs ne donne-t-il pas un ou tout son sens à la vie qui peut-être réside dans ce besoin irrépressible, sauf déviance, de le combattre (les sempiternels happy ends des fictions littéraires et cinématographiques ravissent toujours autant lecteurs et spectateurs )? La récurrence des guerres et des conflits, aussi naturels que des éruptions volcaniques ou des tremblements de terre, plaide en faveur de sa légitimité et crédibilise l’existence de tous les Hitler passés, présents ou futurs. Tout dans la nature est recherche d’équilibre par le comblement des manques et le rabotage des excès. L’amplification actuelle, à nos yeux chaotique, du déséquilibre écologique n’altère en rien sa naturalité et ne révèlerait en fait qu’une accélération du processus  d’harmonisation. De passagère, ponctuelle, conjoncturelle avant, cette dérégulation se veut aujourd’hui permanente, universelle, structurelle. Dès lors sont réunies les conditions objectives d’une déflagration endogène totale, à l’opposé des peurs ancestrales d’une eschatologie aux causes imaginaires, superstitieuses, religieuses ou surnaturelles.

L’homme n’a-t-il pas été programmé pour devenir son propre prédateur et, arrivé à un degré de saturation, s’autodétruire ? Ou, comme le suggèrent les tenants de la théorie Gaïa, pour permettre une autorégulation de la Terre, organisme vivant, qui cherche à recouvrer la santé par l’excrétion de son cancer: l’homme.

Primauté donc à la recherche de la vérité. Mais rien de plus volatile, d’impalpable, d’imperceptible que cette introspection dans les arcanes de cette vérité métaphysique, ontologique, existentielle qui brouille les pistes, dissimule des indices et oblige à tâtonner à la manière d’un aveugle pointillant le sol avec sa canne. Pas de discours étoffé, que des bribes ou lambeaux de phrases ! Pas de feu flamboyant, que de timides étincelles ! Pas de souffle puissant, que d’étroites expirations ! La vérité est inaccessible à l’esprit humain, affirmait Montaigne. Elle ne se pense pas, ne se réfléchit pas, ne se démontre pas, ne s’argumente pas. Elle se vit, se sent, se respire. Dans la presque ignorance, le contraire de l’intelligence . Auquel cas s’équivaudraient le comportement collectif instinctif  non élucidé, identifié  comme  un suicide, d’animaux se jetant du haut d’une falaise ou s’échouant sur la plage et celui “intelligent” de l’homme comme celui des vieux indiens ou esquimaux se laissant mourir volontairement  pour assurer la survie du groupe ? La théorie de l’évolution avalise l’animalité de l’homme. À l’opposé des créationnistes qui sont à l’espèce ce que les suprémacistes sont à la race, les antispécistes revendiquent notre pleine et entière appartenance au règne animal au point de nommer l’homme “l’animal humain” et l’animal “l’animal non humain”. “On n’est pas des bêtes quand même ” proteste-t-on généralement comme pour échapper à une infâmie. Eu égard au développement de notre cerveau et de nos facultés mentales qui constituent à nos yeux une avancée remarquable, certes en partie réelle, nous nous sommes attribué le mérite de monter(!) d’un échelon dans l’échelle évolutive et de créer une catégorisation nettement différenciée de la précédente. Cette supériorité étalonnée n’oblitère cependant en rien notre naturalité. Ce serait un peu vite oublier les lois de l’évolution. Fustiger le comportement antinaturel de l’homme au prétexte que l’intelligence humaine, prolongement de l’instinct, et sa production n’appartiendraient pas au même ordre des choses, est aussi absurde que reprocher le vivant du végétal par rapport à l’inertie du minéral ou la mobilité de l’animal par rapport à l’mmobilité du végétal.

Tout est cycle (dérivé du mot cercle ,figure géométrique aboutie et parfaite de la nature) . L’homme y est soumis au même titre que la nature dont il fait partie et notamment au plus marquant: celui de la naissance, de l’évolution et de la mort. Aussi il n’est pas trop présomptueux de croire que se font jour les signes (subjectifs certes, mais…) de l’amorce du cycle de son achèvement et du retour à son origine comme si la boucle était bouclée dans différents  domaines et d’abord  géologique avec cette menace de changement climatique qui, à terme, génèrerait, comme à sa genèse, le recouvrement de la Terre par l’eau ou l’extension des déserts. Avec peut-être  les bactéries survivantes prêtes à nouveau à repeupler la planète… si elle existe encore!

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